Il était à peine onze heures du matin quand je poussai la porte d’un magasin de ressource alimentaire, enfin « ressource alimentaire » était un bien vague mot quand ce magasin proposait aussi des fournitures scolaires, des magazines et même quelques armes (je n’ai jamais su si c’était en fait des fausses ou pas). Je m’approchais des magazines et grimaça en voyant les filles frimeuses et pimbêches sur toutes les couvertures des magazines. J’ai hâte qu’elles deviennent de sales vermines, je n’hésiterai pas à les tuer pendant qu’elles sermonneront encore sur leurs ruptures aussi ennuyante qu’un cours d’Histoire-Géographie sur le Moyen-âge, me dis-je.
« Toujours en train de critiquer silencieusement ces filles ? » ricana une voix derrière moi.
Je souris en reconnaissant la voix. C’était Clive, le jeune gérant de cette boutique et aussi mon ami depuis qu’il a l’habitude de me voir ici.
« Toujours. Salut, Clive ! Comment tu vas ? »
« Je te retourne la même question, ça fait plusieurs semaines que je t’ai plus vu ici, j’ai cru que t’avais eu des problèmes ! »
« Ne t’inquiètes pas, je sais me défendre. » lui dis-je en lui faisant un clin d’œil. « J’ai eu quelques soucis, avec la mort de père j’ai encore du mal à tout gérer. »
Clive rangea à leurs places respectives des boîtes de céréales éparpillées par terre pendant que je lançai des coups d’œil aux paquets de nourriture situés plus loin derrière, avec envie.
« Ana, est-ce que tu as mangé quelque chose ce matin ? » dit-il, sûrement après m’avoir aperçue languir sur ces boîtes de pâtes et ces plats cuisinés.
« Non… Mais… Je suis partie vite… C’est pour ça. De toute façon, je n’ai pas faim. » lui répondis-je avec hâte.
Clive me dévisagea quelques secondes puis reposa une question.
« Est-ce que tu as mangé quelque chose… Hier ? »
Je me détournai de son regard, ce qui lui fit s’exclamer :
« Ana ! Mange quelque chose ! Qu’est-ce qui ce passe ? Tu as des problèmes d’argents ? Si c’est ça, je peux te payer tu sais que je le ferais. »
Je m’exclamai à mon tour.
« Non, hors de question que quelqu’un me paye un jour à manger. Surtout pas toi. J’ai besoin d’aide de personne, je me débrouillerai toute seule… Et puis de toute façon, il faut que je parte maintenant. Je reviendrai bientôt, salut. »
Avant de partir, Clive me lança un « Il va bien falloir que tu manges un jour ! ». Il n’avait pas tort, mais j’allais me débrouiller toute seule. Je sais que j’en serais capable. Si en tuant toutes ces vermines je pouvais sauver des vies, je peux très bien me faire de l’argent, n’est-ce pas ?