Toutes les attentions se retournèrent alors lorsque des éclats de rires retentirent d'une des nombreuses tables du bar, où étaient installés six adolescents à la dégaine rebelle. Ils venaient d'arriver et pourtant, leur manque de gêne en dérangeait déjà plus d'un. Mais ils s'en fichaient. A leurs yeux, ils étaient les rois du monde, rien ne pouvait les arrêter. D'ailleurs, cette naïveté si marquante ne leur donnait aucune limite, au contraire ces voyous se permettaient d'agresser certains habitants de Lawrence pour leur dérober tout ce qu'il possédait ou même de s'incruster dans des bagarres violentes tout ça pour déconner, comme ils le disaient si bien.

- Tiens, essayes. murmura Julia à Anastasia tout en passant le plus discrètement possible, un sachet à peine plus grand qu'un briquet à cette dernière.

Intriguée, la jeune femme regardait, sourcils haussés, le contenu de ce sachet qui s'avérait être de la poudre blanche. Tout de suite, la belle comprit.

- Je l'ai volé à O'Connel, hier soir. ajouta Alex, fier de lui. Il était bien trop bourré pour se rendre de compte de quoi que ce soit.

En fait, ce n'était pas du tout dans les habitudes d'Anastasia de consommer ce genre de drogue. Elle en était même dégoûtée après avoir remarqué le comportement de son père qui changeait négativement au contact de l'alcool. Doucement donc, elle repoussa ce sachet vers Julia, abordant une moue hostile.

- Je préfère encore en rester aux clopes. répliqua-t-elle froidement, tout en sortant son paquet de cigarette de sa poche.


Il se faisait maintenant très tard et depuis bien longtemps, les ténèbres de la nuit avait envahit la ville, laissant un ciel des plus sombre. Une fine pluie tombait même dans le Kansas mais cela n'avait pas l'air de déranger les citadins, qui n'hésitaient pas à faire excursion dans les rues de Lawrence. Mis à part celles de Monterey bien sûr car peu était les courageux qui venaient s'aventurer dans ce quartier où les plus dangereux malfrats y erraient. The Havery Bar, lieu de rendez-vous le plus courant chez ces voyous, était tout de même bondé de monde. Mais notre "bande" de rebelles ne soupçonnait pas une seule seconde que des monstres, vampire comme sorcier les entouraient.

Anastasia Matthews, jeune femme à la beauté sauvage était également de la danse, toujours accompagné de ses amis. Mais depuis quelques quarts d'heure déjà, elle s'ennuyait à en mourir car cela faisait bientôt deux heures que les adolescents discutaient de tout et de rien autour de cette table, ne trouvant au bout d'un moment, plus aucun sujet très intéressant. Mais la venue d'une personne brisa cet ennui et il ne s'agissait que d'Ana Underwood. Il y a quelques mois à peine, le groupe d'Anastasia avait agressé cette dernière puisqu'à cette époque, la jeune chasseuse abordait une faiblesse inquiétante et sans hésiter, ces voyous lui avaient alors dérobé tous ses biens. Mais aujourd'hui, Ana paraissait beaucoup plus forte et agressive, une dégaine qu'elle s'était sûrement découverte lors de ses chasses. Anastasia suivît la jeune femme du regard, sourire malicieux sur les lèvres. Il lui était particulièrement facile de paraître arrogante même si au fond, une bienveillance inégalable la possédait.

- Tiens donc, ce ne serait pas la pitoyable chasseuse Ana Underwood ? s'exclama-t-elle d'un ton des plus sarcastique, tout en attirant par la même occasion, l'attention de ses amis qui n'avaient pas hésité à renchérir ses dires par des rires à l'intonation moqueuse. Sans bouger de son siège, Anastasia observait la chasseuse qui n'allait cette fois-ci, pas se laisser faire, c'était certain.

- Je te vois, je te croise ne serait-ce qu’une fois, je le jure, t’es mort !

Les mots de la chasseuse résonnèrent alors dans la tête d'Anastasia qui en trahissait presque suite à ces menaces effrayantes, il fallait l'avouer. Durant quelques instants, la jeune femme était bien trop sous le choque pour répliquer quoi que ce soit. Ce n'était pas la crainte ou un autre sentiment synonyme de peur qui l'empêchait de réagir mais elle savait pertinemment que ce n'était pas des paroles en l'air. Le regard emplit de haine d'Ana et ses dires qui ne manquaient pas de rage, faisaient bien comprendre à Anastasia que ce n'était plus des plaisanteries.

La porte qui claqua violemment la réveilla de ses pensées et progressivement, la salle replongeait dans les brouhaha des clients qui n'avaient pas ratés une seule miette de cette dispute. Les amis de la jolie brune se rassirent et leurs conversations reprirent mais il n'y avait qu'un seul sujet cette fois-ci : Ana Underwood. Chacun d'entre eux lui lançaient les pires insultes et n'hésitaient pas à la rabaisser par des insultes ou des moqueries. Ils sont inconscients. se dit Anastasia, qui elle, prenait cet incident d'un autre point de vue. Mais ce qui l'embêtait le plus, c'était de savoir Alex sous les menaces de la chasseuse. Leur relation avait beau être instable, la jeune femme était bien trop loyale pour laisser ce dernier dans un tel pétrin.

Et pour régler ça maintenant, Anastasia quitta sa bande, sans dire un mot mais évidemment, ce départ ne passa pas inaperçu car très vite, Alex la rattrapa.

- Ne me dis pas que tu vas voir cette... Underwood. rappliqua-t-il, en tenant avec fermeté le bras de celle qu'il aimait secrètement.
- Je sais pas si tu te rends compte, Alex. Je connais cette fille et crois-moi, c'est le genre de nana à tenir parole. La belle avait dit ces derniers mots avec tellement de férocité et de colère, que son ami avait bien compris la situation des choses même si, bien trop fier, il ne reconnaîtrai jamais ses tords.

D'un coup brusque, Anastasia se détacha de l'emprise de son ami et elle sortît du bar, d'un pas décidé.

En sortant, la température chuta d'une bonne dizaine de degrés et ce fût un choque pour la jeune femme qui prît quelques instants pour s'habituer à ce changement de climat si soudain. Mais elle ne perdît en aucun cas son sang froid et d'un pas particulièrement silencieux, elle s'aventura dans la ruelle, où demeurait le bar qu'elle venait de quitter, il y a quelques secondes. Mais Anastasia s'arrêta net lorsqu'elle vît, une silhouette, appartenant sûrement à une jeune femme d'un vingtaine d'année, assise sur un des nombreux bancs à l'allure lugubre et abîmé qui habitaient tout le quartier de Monterey. Et plus la belle s'approchait de cette silhouette, plus cette dernière lui devenait familière. Distinctement, elle reconnût Ana, qui devait apparemment se remettre de ses émotions suite à cette dispute.

- Si tu savais comme je me hais. dit alors Anastasia, qui se tenait maintenant à quelques mètres de la chasseuse, d'un ton légèrement élevé pour que l’intéressé l'entende. Je sais ce que sait de perdre un proche. continua-t-elle, avec une voix cette fois-ci beaucoup plus faible. Mais si tu dois t'en prendre à quelqu'un c'est bien à moi donc, lâches l'affaire avec Alex.

Evidemment que c'était Alex qui était le fautif dans tout ça et qui avec ses propres dires, avaient provoqué la colère d'Ana. Mais le coeur trop bon, Anastasia ne voulait pas encore perdre un ami et souffrir à nouveau. C'est pour ça, qu'elle préférait tout prendre sur elle.